La fusion, un grand frein à tout épanouissement

 

 

Un grand nombre de professionnel.les de l’éducation se disent régulièrement ce type de phrases :

  • Je dois être un exemple
  • Je dois rester calme et ne pas crier
  • Je dois être à l'écoute de chacun de mes élèves
  • Je dois intéresser chacun de mes élèves
  • Je dois aller à toutes les réunions
  • Ca ne se fait pas d'arriver en cours sans avoir tout bien préparé (au millimètre)

 

  • Un bon prof' sait motiver ses élèves
  • Un bon prof' est clair et précis sur ces demandes
  • Un bon prof' désamorce les conflits
  • Un bon prof' est dynamique, enthousiaste, enjoué
  • Un bon prof' a des séquences innovantes/ avec de la différenciation
  • Un bon prof' encourage chacun de ses élèves

 

Ces phrases qui en tant que telles semblent anodines s’avèrent être de réels freins à votre épanouissement si elles sont devenues des fusions.

Des fusions ? Comme en physique ? 🤔

Pas tout à fait !

Ici, il s’agit d’un terme utilisé en psychologie que nous allons explorer dans cet article et dans le suivant

 

Qu'est-ce que la fusion ?

 

Il existe diverses catégories de «fusion ».

Les exemples précédents font partie de « la fusion avec les règles ».

  • Cette catégorie comprend toutes les règles auxquelles je souscris, j'adhère (très très souvent inconsciemment) sur la façon dont moi, les autres ou le monde devraient être.
  • Ce sont tous nos « devrait », « doit, « faut », « faudrait », « bien », « mal », « ça se fait », « ça se fait pas », etc…
  • On les appelle aussi « croyances limitantes », car ce sont ces trucs auxquels on croit (même sans le savoir) et qui nous influencent (à notre insu) et nous entraînent à certains comportements qui nous limitent dans notre plein épanouissement.

 

Il y a aussi des fusions avec des étiquettes que l'on se met "je suis nulle/minable"; "je suis impatiente", et d'autres types de fusion (détaillées dans cet article : ici)

 

Christophe André (1) définit la fusion ainsi :

On le sait depuis l’Antiquité et les philosophes stoïciens : ce n’est pas seulement la réalité qui nous tourmente, mais aussi (et parfois surtout) nos pensées sur la réalité, selon le mot d’Epictète : « Ce qui trouble les hommes, ce ne sont point les choses, mais les opinions qu’ils en ont. » Et surtout le fait qu’ils adhèrent à ces opinions et les prennent pour la réalité, fusionnant avec elles. 

En clair, on est tellement accroché à nos "opinion/pensée/émotion" que l'on se laisse complètement influencer par elles et nos comportements se retrouvent comme gouverner par elles.

Cela entraine certaines conséquences néfastes au quotidien.

 

Quelles sont les conséquences des fusions ?

 

Imaginons que vous ayez perdu votre « sang froid » en classe et que vous ayez crié de façon disproportionnée par rapport à la situation (alors que vous avez fusionné depuis tant d’années avec la règle « un bon prof garde son calme »)

Je mets ma main à couper que vous vous en êtes voulue beaucoup plus longtemps que juste la prise de conscience de « ok, c'était pas top ma façon de faire, la prochaine fois, je ... ».

Non, à la place :

✔️ Vous avez maintes fois repensé à cet événement « j'aurai dû me taire et attendre qu'ils m'écoutent, j'aurai dû répondre ceci à X, j'aurai dû... »

✔️ Vous avez cherché des coupables « oui mais aussi, X qui se balançait depuis tout ce temps ; Y qui n'avait toujours pas son matériel ; Z qui parlait à son voisin non stop... »

✔️ Puis inéluctablement, vous avez aussi trouvé comme coupable : vous-même

✔️ Et là, vous vous êtes sentie « nulle », « mais pourquoi je me laisse toujours submergée alors que j'ai tant à cœur de rester calme et ouverte ? »,

Et bam ! 💥Une nouvelle fusion ! Cette fois-ci avec une étiquette et peut-être même avec une émotion associée: dégout/tristesse/colère envers soi.

✔️ Vous n'en avez pas dormi de la nuit:

  • revisitant encore l’événement,
  • élaborant une façon de revenir dessus avec vos élèves,
  • échafaudant des plans pour rendre les élèves plus attentifs,
  • réfléchissant aux formations que vous n'avez pas encore faite en CNV, discipline positive, écoute bienveillante, résolution de conflits, coopération, etc.
  • vous insurgeant contre ce système qui surcharge le nombre d’élèves par classe,
  • vous jurant que vous alliez prendre plus de recul par rapport à ce métier,
  • etc.

Et vous vous êtes réveillée, bien fatiguée de cette nuit non réparatrice et vous avez repris dans un état émotionnel encore moins apaisé que la veille. ☹️

 

En fait, les fusions avec les "règles" induisent une complète « non permission », « non autorisation » à ce que les choses puissent se passer autrement et vous bouffent énormément d'énergie afin de les maintenir bien en place. La prise de recul, le "je vais relativiser" sont très difficilement atteignables quand nos fusions sont fortes.

Les « ruminations et turbinettes incessantes dans la tête » engendrées par cette fusion entraînent des troubles du sommeil, des fatigues chroniques, des manques d'affirmation, des manques de confiance en Soi, etc.

Le méli-mélo émotionnel causé par cette fusion vous fait sécréter toute la biochimie de la survie donc du stress (ce qui entraine l'épuisement de vos ressources internes).

 

Christophe André (2) donne une belle définition de la rumination : 

« Ruminer c'est se faire du mal, en se focalisant, de manière répétée, circulaire, stérile, sur les causes, les significations et les conséquences de nos problèmes, de notre situation, de notre état. Quand on rumine, on croit réfléchir, mais on ne fait que s'embourber et s'abîmer. La rumination amplifie nos problèmes et nos souffrances, réduit notre espace mental disponible pour tout le reste de notre vie (notamment pour les bonnes choses et les instants heureux). Et surtout, elle met en place de mauvais réflexes et des mauvaises habitudes : face à des difficultés, les ressasser au lieu de les résoudre (même imparfaitement) ou de les tolérer en continuant malgré tout à vivre. 

 

Et c’est ainsi que nous nous coupons petit à petit de nous-même, des autres et de la Vie.

 

Alors qu’est-ce qu’on fait ?

 

Défusionner, oui mais comment ?

 

Pour s’en sortir, il faut défusionner ! Afin de faire en sorte que la pensée ou l'émotion remplissent leur rôle, leur fonction et basta ! Pas d'engrenage ! Pas de conséquences problématiques dans votre vie de tous les jours.

 

Toujours Christophe André exprime la défusion en ces termes :

La défusion, ce mécanisme capital à tout processus de changement psychologique, c’est de se dire : « Je suis minable, ce n’est pas la réalité, c’est une pensée ; et donc un phénomène subjectif, un regard partial. » Rester à distance de ses pensées, ne les considérer que comme des sources d’information et non de certitudes, c’est le travail ou plutôt la vigilance de toute une vie.

  

Ça parait simple écrit comme cela sur le papier mais c’est un chouia plus délicat qu’il n’y parait.

D’autant plus qu’il est très facile de trouver de mauvais coupables.

Le plus souvent on s’en prend à ses émotions ou ses pensées alors qu’initialement elles ne sont pas le problème !

Je m’explique :

  • Une émotion, c’est un message envoyé par votre corps pour vous indiquer des choses hyper importantes :

➡️« mets toi en sécurité , nous sommes en danger là » (via la peur),

➡️« pose mieux tes limites, on est en train de bafouer tes valeurs là » (via la colère),

➡️« demande de l'aide, on se sent seul.e là » (via la tristesse), etc.

Ce message/signal est exactement comme votre voyant lumineux de votre voiture qui indique que la jauge d'essence est bientôt à sec. Ce voyant n'est pas un problème ! Loin de là !

Par contre, si je suis tellement prise par une inquiétude que je n'arrive pas à me concentrer sur autre chose dont des choses importantes pour mon travail, pour ma famille, etc. ; cela devient une fusion qui devient problématique dans ma vie réelle.

Vous voyez ?

 

  • Quant à une pensée, c’est une formation mentale qui permet :

➡️ de mettre en images/mots ce que nous ressentons,

➡️ d'élaborer un processus pour passer d'une situation A à B,

➡️ de revenir sur un fait du passé pour en tirer des conclusions afin d'avoir un comportement plus adéquat dans le présent, etc.

Ceci n'est pas un problème ! On est bien content d'avoir un système cognitif compétent pour construire nos cours, pour verbaliser tel concept, pour planifier tel projet.

Par contre si j'ai la pensée « je suis nulle/minable» et que j'en viens à annuler une participation à un événement social important, à ne pas m’inscrire à telle formation, à ne pas participer à tel projet, etc. ; cela devient une fusion problématique dans ma vie réelle.

 

Afin de démêler une émotion/pensée constructive, d'une fusion, il est bon de fortifier 5 axes eux-mêmes soutenus par un socle solide.

 

5 axes et un socle pour défusionner

 

Je développe chacun de ces axes dans l’article suivant « Comment défusionner pour s’épanouir ? »

Axe 1 : L’observation

Axe 2 : La sécurité intérieure.

Axe 3 : Le mouvement corporel

Axe 5 : La nature

Axe 5 : Le soutien.

Socle : Votre vitalité

 

➡️ On se retrouve ICI !

En attendant, sentez vous libre de commenter cet article ! 🖊️

 

 

Sources :

(1) Christophe André, "S'estimer et s'oublier", Odile Jacob, 2024

(2) Christophe André, « Et n’oublie pas d’être heureux », Odile Jacob, 2014

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